Défoliation
Les défoliations sont les phénomènes de pertes de tout ou partie des feuilles d'un arbre ou buisson, ou de plantes de la strate herbacée.
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Définitions :
- chute hors saison du feuillage d'une plante causée par des insectes ou une maladie fongique ou par d'autres facteurs comme la sécheresse... (source : ccfm)
- Perte, en tout ou en partie, du feuillage des arbres génèrée par un traitement chimique ou par un organisme ravageur. (source : imfc.cfl.scf.rncan.gc)
Les défoliations sont les phénomènes de pertes de tout ou partie des feuilles d'un arbre ou buisson, ou de plantes de la strate herbacée. Elles sont dues à des maladies, parasites ou insectes dits «défoliateurs».
Le mot «défoliation» n'est utilisé que dans les cas où ce phénomène est significatif et/ou anormal et qu'il ne correspond pas à la perte automnale normale des feuilles. Certaines espèces tempérées comme le houx perdent normalement des feuilles en fin de printemps et en zone tropicale ou sub-tropicale sèche, certaines espèces de feuillus perdent naturellement toutes leurs feuilles au début de l'été (il s'agit certainement d'une adaptation à la saison sèche, leur servant à ne plus évapotranspirer lorsqu'il s manquent le plus d'eau). Dans ces derniers cas on ne parle le plus souvent pas de «défoliation».
L'armée américaine a aussi utilisé un défoliant (désherbant dit «Agent orange») pour détruire la forêt durant la Guerre du Viet-Nam.
Causes
Quelquefois dues à des champignons, des virus, des bactéries, les défoliations sont le plus fréquemment causées par des insectes défoliateurs qui réapparaissent fréquemment de manière cyclique.
Impacts
Plusieurs espèces d'insectes peuvent naturellement provoquer des défoliations partielles ou totales de feuillus (à feuilles caduques ou non) ou de résineux (par exemple des déoliations massives de vastes populations d'épinettes au Canada est fréquente en raison du contexte climatique et pédologique extrême de la taïga). Les arbres peuvent généralement être défoliées jusqu'à 5 ans de suite sans en mourir (leur croissance est cependant bloquée). Si la défoliation dure plus longtemps, l'arbre meurt.
Bioéographie des défoliations
Les défoliations sont aussi les conséquences de chaleurs ou sécheresses anormales ou périodiquement normales et /ou d'une pauvreté nutritive du sol. Les espèces, ou plutôt les phénomènes de pullulation, affectent en particulier des milieux extrêmes et pauvres en diversité d'espèces (milieux circum-polaires et subdésertiques), ou artificiellement dégradés (urbains, milieux particulièrement cultivés) ou fragmentés ; Les tilleuls ou platanes urbains peuvent par exemple perdre une grande partie de leurs feuilles en fin de printemps s'ils manquent d'eau (Cf. sécheresse ou racines contraintes dans un volume insuffisant de sol).
Les défoliateurs
- Les criquets sont cités depuis l'antiquité. Ils sont l'une des 7 plaies d'Égypte, mais ravagent quelquefois le sud de l'Europe. Par exemple Grégoire de Tours, au Haut Moyen Âge les évoque ainsi :
- «Les envoyés de Chilpéric, revenus d'Espagne, annoncèrent que le royaume de la Manche (Carpitanie) était cruellement dévasté par les sauterelles, de telle sorte qu'il n'y avait ni arbres, ni vignes, ni forêts, ni fruits, ni aucune verdure, qu'elles n'eussent entièrement détruits ; ils dirent que l'inimitié qui s'était élevée entre Leuvigild et son fils augmentait l'ensemble des jours de violence. Une grande contagion régnait aussi dans ces cantons, et dévastait énormément de pays ; mais elle faisait rage en particulier dans la ville de Narbonne. Il y avait déjà trois ans qu'elle avait pris dans cette ville, puis elle s'apaisait, et alors le peuple qui avait fui, revenant dans la ville, périssait par la maladie. La ville d'Albi était aussi rudement travaillée du même mal.»[1]
- Les chenilles tisseuses (par exemple du genre Yponomeuta) et/ou processionnaires - fréquemment protégées par des poils urticants et/ou allergènes (ex : Chenille processionnaire du pin- sont périodiquement impliquées dans des phénomènes locaux de défoliations importantes ou alors spectaculaire. Ces défoliations quoiqu'impressionnantes (jusqu'à 100 % des feuilles d'un arbre peuvent être mangées en quelques semaines, tandis que l'arbre est progressivement recouvert de toiles de soies, mais les feuilles repoussent le plus souvent en moins d'un mois après l'attaque, et l'arbre semble pouvoir se doter d'une immunité qui le protègera de nouvelles attaques, avec l'aide de nombreux parasitoïdes qui ont profité de la précédente pullulation)
Des pullulations périodiques de chenilles tisseuses sont assez habituelles (et semblent en augmentation quantitative et géographique) avec des dégâts importants en forêt boréale tandis que la processionnaire du chêne ne semble pas faire de dégâts significatifs plus au sud. Dans les années 1990 J Roland[2] a étudié les séries historiques de défoliation de 1950 à 1984 par la chenille tisseuse du papillon Malacosoma disstria dans le nord de l'Ontario au Canada. Pour l'ensemble des massifs forestiers étudiés, il n'a pas trouvé de lien entre la durée des défoliation et les espèces dominantes d'arbres. C'est la fragmentation des massifs (mesurée par le nombre de km de lisière par km² de terrain étudié), qui s'est avérée le meilleur facteur prédictif de la durée de manifestation des invasions, autant au sein d'un massif qu'en comparant différents massifs entre eux. Ces chenilles sont a priori contrôlée par les parasitoïdes et des microbes pathogènes pour elles, ce qui invite à penser que l'augmentation de la fragmentation écopaysagère en forêt affecte l'interaction entre ces chenilles et leurs prédateurs ou ennemis normaux, à moins que les arbres stressés par un microclimat moins forestier (la fragmentation leur apporte de la lumière, mais a des effets négatifs (déshydratation, vent, gel, amplitudes thermiques, ou alors circulation de parasites). L'auteur conclue que les coupes rases et la fragmentation des forêts boréales pour l'agriculture et la sylviculture, peuvent aggraver des manifestations de ce défoliateur forestier.
Conséquences écosystémiques
En limite d'aire de répartition d'une espèce végétale ou en conditions de milieu complexes, les défoliations de sont pas anormales, et peuvent même contribuer à la survie de l'espèce à long terme, car ;
- De nombreux animaux herbivores, endommageant, écorçant ou abroutissant les arbres ou leurs racines, ou des animaux omnivores susceptibles d'endommager les sols forestiers lorsqu'il s sont trop nombreux (ex : sanglier) fuient les zones où les chenilles urticantes sont nombreuses ;ce qui (lorsque ces animaux exercçaient une pression importante) laisse un répit à la forêt et au sol forestier pour se régénérer.
- En période anormalement sèche pour l'arbre, une des réponses au stress hydrique prolongé est l'émission de hormones de stress. Celles-ci sont perçues par de nombreux déprédateurs qui sont attirés vers la source d'émission ; ce sont le plus souvent en premier lieu des défoliateurs, et/ou ensuite d'autres espèces qui tueront peut-être l'arbre (si le stress perdure). Or, à la différence d'herbacées sciaphiles, la majorité des arbres en feuille ne peuvent pas fermer leurs stomates au point de complètement bloquer leur évapotranspiration. Ce faisant, ils aggravent la sécheresse, car par capillarité l'eau prélevées par les racines gagne pour partie les feuilles et s'évapore). Au contraire, les arbre défoliés ou morts n'évapotranspirent plus du tout, autrement dit qu'ils ne pompent plus d'eau dans le milieu qui en manquait. Dans ces conditions le risque d'incendie de forêt diminue, et si les arbres manquant le plus d'eau meurent. Lorsque l'eau revient (pluies, remontée de nappe, barrage de castor... ), l'inhibition des graines du sol est levée et leur pousse est facilitée par l'exposition du tapis herbacé au soleil, la forêt se régènère alors rapidement (s'il y a de l'eau en suffisance).
Conséquences socio-économiques
Outre les allergies que peuvent induire certains défoliateurs, et les pertes de revenus des forestiers propriétaires de parcelles défoliées, il existe un risque d'aggravation de ces phénomènes lié aux modifications climatiques et un risque d'apparition de nouvelles «espèces invasives». Par exemple on observe en Europe une nette remontée vers le nord de la Chenille processionnaire du pin. L'utilisation de pesticides non spécifiques de l'espèce en cause en forêt a des impacts secondaires, y compris sur les prédateurs ou parasites qui pourraient réguler ces espèces. Des solutions sont étudiées en matière de lutte intégrée.
Défoliation anthropique
La défoliation est aussi une technique, surtout utilisé par les amateurs de bonsaïs, qui permet d'obtenir des feuilles plus petites et une meilleure ramification. Cette technique implique d'enlever, durant l'été, l'ensemble des feuilles des bonsaïs à feuilles caduques ou feuillus. L'arbre est forcé de produire un nouveau feuillage. Cela accroit la densité des ramifications, diminué la taille des feuilles et la longueur des entre-nœuds [3].
Voir aussi
Références
- ↑ Histoires, [Livre VI]
- ↑ Roland, J. 1993. Large-scale forest fragmentation increases the duration of tent caterpillar outbreaks. Œcologia 93 :25-30
- ↑ Article sur la défoliation des bonsaïs (en)
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