Cloisonnement
Dans le domaine de la sylviculture, le «cloisonnement» ou «cloisonnement d'exploitation» sert à désigner la totalité des voie d'accès construites et entretenues au sein de parcelles de forêt cultivées ou exploitées.
Dans le domaine de la sylviculture, le «cloisonnement» ou «cloisonnement d'exploitation» sert à désigner la totalité des voie d'accès construites et entretenues au sein de parcelles de forêt cultivées ou exploitées.
Le cloisonnement devrait toujours être construit comme un réseau, tenant compte du réseau hydrographique, du relief et de la vulnérabilité des sols, en visant à minimiser la surface parcourue par les engins d'exploitation pour que ceux-ci dégradent au minimum les sols fragiles, tant au moment des coupes que d'éventuelles phases intermédiaires d'entretien.
C'est une réponse à la mécanisation de la sylviculture et au débardage mécanique qui se sont développés après la première guerre mondiale. Elle influencera la structure et la composition de la forêt, mais son bilan écologique à long terme n'a pas pu être fait, étant donné son caractère assez récent (à l'échelle temporelle de la vie d'un arbre et de l'évolution d'une forêt) [1].
Enjeux
Atouts
- le cloisonnement favorise l'entretien mécanisé de vastes parcelles, par un personnel réduit ;
- en théorie, il réduit au minimum la surface parcourue par les engins (s'il a été bien conçu et si les conducteurs le respectent) ;
- il limite les dégâts aux plants et semis ainsi qu'aux arbres d'avenir
- il facilite une meilleure accessibilité aux arbres à abattre ainsi qu'à débarder, et par conséquent une sécurité accrue pour le personnel et pour les engins affecté aux coupes ;
- il facilite l'optimisation des chantiers d'exploitation (ou dans le cas d'une coupe rase une pression moindre sur les sols, mais une pression plus forte en termes de fragmentation écologique ;
- il favorise la surveillance des exploitations
Inconvénients
- il occupe une surface non négligeable, sur laquelle on ne laissera pas pousser les arbres, et il est un des facteurs de fragmentation forestière ;
- lorsqu'il est rectiligne (ce qui est fréquemment le cas), il facilite la surveillance (mais également une chasse plus efficace ; le cloisonnement jouant alors le rôle d'un réseau de couloirs de tirs ou d'observation auxquels les animaux lors des battues ne peuvent échapper.
Il facilite aussi quelques espèces prédatrices opportunistes (corvidés surtout) qui apprécient les effets de lisières rectilignes, facilitant la prédation ; - il offre un réseau dense de voies de pénétration humaine facilitant le dérangement, le braconnage, la pénétration des quads, 4x4 et motos, la cueillette et la chasse jusqu'aux cœurs de massifs autrement bien moins accessibles.
Il peut mais aussilquefois faciliter une surexploitation du milieu (pour la viande de brousse surtout en zone tropicale, le vol de bois précieux, la surexploitation de champignons, jonquilles, muguet, etc. en zone tempérée... où le cloisonnement facilitent aussi le dérangement d'espèces vulnérables telle que le tétra, lynx, ours, etc. ) - le cloisonnement permet ou encourage la pénétration d'engins lourds jusqu'au cœur des massifs, au détriment des sols fragiles (tassement, asphyxie, perturbation de l'hydraulique) et les racines des arbres adjacents ;
- Le cloisonnement nécessite quelquefois un aménagement hydraulique collatéral (déblais/remblais, fossés, drainage, tubage de cours d'eau) couteux et qui doit être entretenu, et qui à long terme ou en période de sécheresse peut rendre les arbres et la forêts plus vulnérables au vent, à la déshydratation ainsi qu'aux chocs thermiques.
- tout en facilitant la circulation d'engins de surveillance, le cloisonnement peut mais aussilquefois faciliter l'assèchement du milieu, et quelquefois favoriser les départs de feu, ou alors la propagation du feu ; Une étude [2] des zones épargnées par un vaste incendie (de 1998) dans le nord-est de l'Espagne a mis en évidence l'importance de divers facteurs dont la continuité de la couverture végétale : les îlots épargnés par le feux étaient plus habituels à l'endroit où la forêt était la moins fragmentée. Une des conclusions de ce travail est que la fragmentation d'une forêt peut favoriser ou accélérer la propagation du feu, de même que des lisières linéaires et artificielles, et qu'il faudrait défragmenter les forêt et restaurer l'intégrité écologique de ces milieux [2].
Le cloisonnement est inutile ou non rentable dans certaines situations ;
- sur des zones accidentées ou au relief particulièrement irrégulier [3]
- sur les fortes pentes (au delà de 35 %, où un débardage doux ou débardage par câble est alors recommandé) ;
- sur des sols particulièrement humides
Alternatives
- En forêt tropicale, des routes et layons temporaires sont souvent percés en forêt, pour en sortir les essences précieuses, non sans impacts environnementaux ;
- Un débardage (à l'épaule, par traction ou portage animale ou par des engins légers), rentable pour des bois précieux (et fréquemment illégal pour des espèces menacées ou protégées) ;
- Une extraction ou débardage par flottage ou par pirogue ou par traction animale (éléphant en Inde, chevaux en Europe) ou par de petits engins de bois préalablement sciés in situ au moyen de scieries portatives
- pour le débardage, des routes temporaires peuvent être construites avec des moyens proches de ceux du Génie militaire (ponts provisoires, pistes de tôles d'acier).
Voir aussi
Liens externes
- Site de L'ONF (Office National des Forêts ; Gestionnaire de l'espace forestier public français).
- Fiches techniques du CRPF Aquitaine
- Politique forestière Site du ministère français de l'agriculture
Bibliographie
Notes et références
- Michæl A. Wulder et al. Forest fragmentation, structure, and age characteristics as a legacy of forest management; Forest Ecology and Management ; Volume 258, Issue 9, 10 October 2009, Pages 1938-1949 ; Doi :10.1016/j. foreco. 2009.07.041
- Román-cuesta r. M., Gracia m., retana j. ; 2009 ; «Factors influencing the formation of unburned forest islands within the perimeter of a large forest fire» ; Revue : Forest Ecology and Management N° 258 (chap 3, pages 71-80 (10 p., 5 fig., 4 tab., 83 réf)
- ↑ De Paul M. -A., Bailly M., Heyninck C. [2009]. «Le cloisonnement d'exploitation pour préserver les sols forestiers». Forêt Wallonne (ASBL) 101 : 30-41 (12 p., 4 fig. )
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