Exploitation forestière
L'exploitation forestière est un processus de production s'appliquant à un ensemble d'arbres en vue de leur acheminement vers un site de valorisation.
L'exploitation forestière est un processus de production s'appliquant à un ensemble d'arbres en vue de leur acheminement vers un site de valorisation.
Exploitation forestière et sylviculture
La gestion des forêts est la base de la sylviculture. Une forêt bien gérée sera exploitée selon un plan de gestion de la forêt. Ce plan de gestion inclut le dispositif de sylviculture qui va être utilisé : dispositif d'aménagement équienne ou inéquienne, disposition des route d'exploitation, et dans le cas d'une coupe sélective le marquage des arbres à abattre.
Méthodes de récoltes
Les opérations d'abattage peuvent être effectuées selon trois méthodes :
En grande longueur Les arbres sont abattus puis ébranchés et éhoupés sur place. La grume est alors transportée dans la zone de dépôt où elle est tronçonnée et chargé sur un camion. Cette méthode laisse les rémanents sur la zone de coupe.
En arbre entier Les arbres sont abattus et transportés directement en zone de dépôt où uniquement ils seront ébranchés et tronçonnés. Cette méthode laisse une grande quantité de rémanents sur la zone de dépôt.
En bois court Les arbres sont abattus, ébranchés, tronçonnés et triés sur la zone de coupe, laissant les branches et le houppier dans la forêt.
Opérations
Une récolte de bois comprend les opérations suivantes, mais pas obligatoirement dans l'ordre donné :
Pré-abattage
- Planification : Identification du timing optimal, des accès et de l'aménagement de la récolte.
- Autorisation : Notification au public, évaluation environnementale, paiement de taxes.
- Commercialisation : Énormément de propriétaires fonciers emploient leurs propres bûcherons, alors que d'autres louent ou vendent le droit d'exploitation à une compagnie forestière.
- Accès : Chemin d'exploitation, camps forestiers, stations de pesée sont fabriqués si indispensable.
- Marquage : Les zones ou arbres devant être récoltés sont clairement identifiés.
Opération d'abattage
- Abattage : L'arbre sur pied est coupé avec une tronçonneuse ou d'une abatteuse.
- Traitement : L'arbre transformé est ébranché et tronçonné.
- Débardage : Le bois est déplacé de la souche au dépôt. Des véhicules peuvent tirer, transporter ou débusquer. Un dispositif de câble peut tirer les grumes jusqu'à la zone de dépôt. Il peut aussi être transporté par hélicoptère (très rare).
- Transport : Le bois est transporté à une scierie ou un port, généralement par camion mais également par train, par flottage vers l'aval d'un cours d'eau ou tiré par bateau.
Post-abattage
- Brûlage : Le brûlage des débris de l'abattage et autre bois réduit des futurs risques d'incendie.
- Dégagement : Élimination de végétation concurrente pour augmenter la croissance des arbres plantés.
- Reboisement : Épandage de graines ou plantage manuel de plants d'arbres.
- Destruction des routes : L'érosion et les glissements de terrain dus à de vieilles routes d'exploitation peuvent être énormément réduits en installant des barrages à eau et en repoussant le matériel excavé tel qu'il était à l'origine.
Débardage
Le débardage consiste à prendre en charge les arbres (entiers ou sous forme de billons) depuis le lieu de coupe jusqu'à l'aire de dépôt. Dans certaines situations, il s'effectue en deux temps et on distingue alors le débusquage et la vidange.
La première étape, le débusquage, consiste à tirer le tronc jusqu'à la piste ou jusqu'au câble porteur. Cette étape n'a pas forcément lieu en Europe, mais elle est presque systématique en Afrique. Dans les forêts tropicales, on utilise pour la réaliser des machines du type bulldozer Caterpillar D7G. Par la suite, la vidange, consistera à amener la grume jusqu'à un lieu accessible aux camions.
Le débardage est aujourd'hui réalisé par des machines, le cheval est toujours en service aujourd'hui, surtout dans les Ardennes belges où on compte à peu près 350 chevaux. En Asie, l'éléphant est aussi utilisé. Toujours parmi les techniques au sol, on compte le dévaloir qui sert en montagne. Le principe consiste à mettre en place une sorte de toboggan géant par lequel les billons peuvent descendre.
La vidange peut se faire par les airs avec câbles, il s'agit du téléphérage. Cette technique est utilisée en cas de forte pente ou de sols à faible portance. De manière plus marginale, l'hélicoptère est parfois utilisé dans les zones de montagnes pour les bois de haute qualité mais s'avère être la méthode la moins rentable.
Opérations sur aires de dépôt ou bord de route
- Manutention des produits (découpe, tri…).
- Traitements de préservation.
Les chemins forestiers
Les chemins forestiers sont fabriqués pour apporter un accès à la forêt pour l'exploitation forestière et d'autres opérations de gestion. Ce sont le plus souvent des chemins en terre.
Ces chemins jouent des rôles multiples dans les massifs forestiers. Ils sont un moyen de valorisation de la forêt en offrant un accès aux engins d'exploitation ainsi qu'aux bûcherons, pour les coupes de bois ou les éclaircies puis pour le reboisement. Les agents forestiers les utilisent aussi pour surveiller l'évolution des peuplements, réaliser des inventaires... Ces chemins sont particulièrement utiles pour la lutte contre les feux de forêt. Le public peut aussi les utiliser pour des promenades et découvrir la richesse de l'écodispositif.
La construction de ces chemins, en particulier sur les pentes raides, peut augmenter l'érosion et les glissements de terrain, ce qui augmente la sédimentation en aval. Les chemins sont le plus souvent principale source de sédiments des opérations d'exploitations, qui peut continuer longtemps après la fin des opérations dans la zone. Cependant, des méthodes sont fréquemment utilisées pour limiter ces effets telle la construction de fossés. La déconstruction de ces routes implique de restaurer l'habitat naturel, et est le plus souvent plus cher que le coût de la construction.
Exploitation forestière et impacts environnementaux
L'exploitation forestière affecte négativement l'environnement de plusieurs points de vue (d'autant plus qu'elle est intensive) :
- en supprimant des arbres qui sont le support de communautés épiphytes, fongiques et animales associées, ce qui altère directement et indirectement la composition spécifique, la structure de la forêt, le terrain, et peut causer un épuisement du sol lorsqu'il est fragile ou en forte pente.
- par les perturbations directement causées par les opérations d'abattage (bruit), dérangement, animaux écrasés ou perdant brutalement leur habitat.
- par des impacts indirects (tassement du sol, artificialisation ou dégradation du réseau hydrographique, dérangement, construction de routes, pistes et aires de travail et de débardage)
- par l'artificialisation des forêts, en particulier dans le cas des dispositifs sylvicoles basés sur les monocultures, les coupes rases et les plantations artificielles.
- et quelquefois en remplaçant les essences autochtones par d'autres essences peu favorables aux biocénoses locales, ou acidifiant ou dégradant les sols. Cette stratégie contribue aussi à diminuer le stock génétique au sein des populations d'essences locales.
L'exploitation est fréquemment associée à un dispositif de cloisonnement et de drainage. Elle peut mener à une perte d'habitats dits patrimoniaux, ou vitaux pour certaines espèces, en particulier dans les zones écologiquement sensibles. Les machines et engins forestiers les plus lourds peuvent dégrader ou compacter les sols forestiers. L'exploitation sur pente raide peut provoquer une érosion du sol, des glissements de terrain, une turbidité de l'eau et dégrader des habitats spécifiques (tels que «forêts de ravin », creuses, etc). Sur sols saturés, elle peut créer des ornières et perturber le drainage (les ornières argileuses pouvant dans certains cas former des micro-habitats pour le sonneur à ventre jaune et quelques têtards d'autres espèces, au risque que ceux-ci s'y fassent écraser ou déshydrater si l'eau vient à manquer. L'abattage d'arbres près de cours d'eau peut provoquer l'augmentation de la sédimentation, de la température de l'eau et dégrader l'habitat ripicole.
Une forêt gérée essentiellement pour la production rapide de bois selon les méthodes "modernes" consistera typiquement en des arbres jeunes, vigoureux et fréquemment à croissance rapide. Avec le soucis de bénéfices à court terme et l'arrivée de profileurs (qui augmentent particulièrement fortement les cadences de sciage, mais seulement pour les bois de faible section), la tendance est partout à une diminution du cycle des révolutions (arbres coupés de plus en plus jeunes, dans une démarche dite de sylviculture dynamique). Une telle gestion supprime les zones caractéristiques de forêts anciennes, comme les vieux arbres, les gros-bois, les arbres sénescentes et en particulier une quantité suffisante et beaucoup dispersées dans le massif de bois-mort, tout autant d'éléments requis pour la survie de nombreuses espèces forestières (saproxylophages surtout). La gestion durable de la forêt nécessite que de telles zones et des «gros-bois»[1] soient conservés pour protéger des espèces rares ou en danger, dont énormément sont reconnues comme utiles pour la forêt.
L'exploitation forestière peut quelquefois avoir des effets positifs sur l'environnement ou la sylviculture ;
- de petites coupes peuvent provisoirement restaurer des «milieux ouverts» utiles à certaine espèces inféodées à ces milieux,
- la suppression d'arbres endommagés ou malade, en ouvrant la canopée pour accélérer la croissance d'arbres plus petits par leur mise en lumière.
- Les rémanents (branches et autres parties non commercialisables de l'arbre (s'ils sont laissés sur place) fournissent un abri pour une partie de la faune et une source d'humus. De même les broussaille et l'enherbement (lorsqu'il s sont conservés assez longtemps) sont une importante source de nourriture pour les herbivores et omnivores dont le chevreuil, cerf et sangliers qui forment une part importante des revenus forestiers (locations, baux de chasse). Ces animaux peuvent cependant devenir un frein à la régénération forestière s'ils sont trop favorisés dans un contexte où les grands prédateurs ont disparu.
- Pour le sylviculteur, une coupe sélective peut «perfectionner» la forêt et apporter un bois de meilleur qualité sur le marché du bois. En zone tempérée, débarder lorsqu'il gèle est rendu complexe par les modifications climatiques qui diminuent le nombre de jour de gel, mais de nouvelles avancées en matériels d'exploitation (débardage par câble) permettent - à l'endroit où et lorsque ces matériels sont utilisés - de diminuer la formation d'ornières et la perturbation physique du sol. A titre d'exemple, de nouvelles abatteuses et porteuses sur pattes[1] sont pourvues de larges pieds servant à diminuer au maximum la dégradation du sol. Le débardage par câble limite aussi les effets physique du débardage.
En France
La France a une longue tradition d'exploitation forestière, les archéologues et historiens ayant montré un fort recul de la forêt dès la période gauloise, avec même ensuite de grands défrichements et une surexploitation qui ont fait fortement reculer la forêt du haut Moyen Âge (jusqu'au développement de l'industrie houillère). De Colbert au FFN, de nombreuses initiatives et circonstances ont contribué à un réenforestement de plusieurs régions françaises. Le FFN surtout a conjugué ses effets à ceux de l'exode rural de l'après-guerre, permettant à la forêt de rapidement regagner de la surface (2, 3 millions d'hectares en moins de 40 ans, mais d'une forêt toujours jeune et localement particulièrement artificialisée suite à des aides (alors sans écoconditionnalité) aux monocultures ainsi qu'à l'enrésinement, à la populiculture ainsi qu'à la construction (rien qu'avec les aides du FFN) d'un réseau de plus de 41 000 km de routes et pistes forestières (équivalent en km qui plus est que le tour de la planète à l'équateur) ainsi qu'à ces routes et pistes volontairement construites en forêt, il faudrait ajouter celles faites sur d'autres fonds (pistes financées par le fonds de développement durable dans les Pyrénées en «zone à ours», dans les années 1990, création autofinancées, aides de communes forestières, régions ou départements, etc. et de nombreux segments de routes, autoroutes, rocades et voies ferrées qui ont aussi et dans le même temps énormément contribué à fragmenter les massifs forestiers)..
Le développement des voies forestières accessibles aux camions et tracteurs de débardage, mais aussi l'augmentation de la surface forestière se sont accompagné d'une production et d'une productivité accrues, mais une partie du bois exploité part à l'étranger pour une première ou seconde transformation avant quelquefois d'être racquis en France ; le rapport de prospective Jouvenel concluait en 1977 à la possibilité de développer les industries du bois sur le territoire même.
Selon certains acteurs (de la filière bois ou de la sphère politique) l'exploitation n'a pas non plus quantitativement suivi le rythme de croissance surfacique du reboisement. Tandis qu'une majorité du public et de nombreux acteurs associatifs souhaitent la création d'un réseau cohérent de parcs et réserves protégées de l'exploitation forestière sur qui plus est grandes surfaces, d'autres acteurs estiment qu'on pourrait exploiter plus de bois en France.
Leur point de vue a été en 30 ans surtout porté par plusieurs rapports :
- Le rapport Méo-Bétolaud dès 1978, proposait d'accroître la récolte de 28 à 40 M de m³/an.
- Le rapport Duroure, en 1982, estimait possibilité d'augmenter «… la récolte annuelle de 9 millions de m³… (dont) 6 millions de m³ de bois résineux (40% de bois d'œuvre, 60% de bois de trituration) et 3 millions … de bois feuillus.
- Le rapport Bianco, qui en 1998 estimait aussi qu'une partie de l'accroissement de la biomasse ligneuse était plus important que celui de l'exploitation et qu'on pourrait par conséquent tirer plus de revenus de la forêt. Ce point de vue a été tempéré par une chute des prix génèré par la mise sur le marché d'une grande quantité de bois jeté à terre par plusieurs tempêtes.
- un rapport Juillot, publié en 2003, encourageait la filière énergie-bois, qui aurait pu selon ses auteurs consommer le bois des chablis de la tempête Klaus.
- Un document du CGAÆR, intitulé «Pour mobiliser la ressource de la forêt française» [2] estimait aussi qu'il y a insuffisante exploitation des forêts de France.
En 2007/2008, lors du Grenelle de l'environnement FNE et la Fédération nationale des communes forestières (FNCOFOR) ont estimé envisageable et souhaitable une certaine augmentation de la production, mais en tenant compte de la biodiversité, et en visant à moins produire de CO2 et mieux lutter contre l'effet de serre [3][4]
Notes et références
- ↑ Schütz J. P, Gehri E ; 2009 ; «Plaidoyer pour la production de gros bois». Forêt Wallonne 102 : 14-20 (7 p., 13 réf. ).
- ↑ «Pour mobiliser la ressource de la forêt française»; conseil général de l'Agriculture, de l'alimentation et des espaces ruraux (CGAÆR), 7 novembre 2007 n° 1639, Ballu et al ; présenté lors des assises de la forêt, au «Conseil supérieur de la forêt, des produits forestiers et de la transformation du bois»
- ↑ la forêt une chance pour lutter contre le réchauffement climatique
- ↑ http ://www. netbois. com/info/article-2985. htm
Voir aussi
Liens externes
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